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Rien ne prédisposait Ilona Hevesi à la carrière de restauratrice d’œuvres d’art, encore moins d’instruments de musique à clavier des XVIIe et XVIIIe siècles…
Parfois, le hasard donne un coup de pouce au destin. Ce hasard la met en contact, lors de sa formation en arts plastiques, avec les ateliers de restauration du Musée du Louvre, à l’occasion d’un travail de fin d’études. Le déclic de s’opérer pour la voie de la restauration d’œuvres d’art, cursus qu’elle entreprendra dans la foulée sur les bancs de La Cambre. Ici encore, le choix du thème de mémoire est tout aussi déterminant. Ilona Hevesi choisit en effet la restauration des décors peints appliqués aux instruments de musique des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce sujet original lui ouvre alors les portes du Musée des Instruments de Musique, à Bruxelles, et surtout celles de son prestigieux modèle, la Cité de la Musique de Paris. Dans cette institution prestigieuse, Ilona Hevesi aura l’opportunité, grâce entre autres à la bourse octroyée par le Fonds Thirionet, de perfectionner sa formation au contact de professionnels aussi compétents que passionnés. Lors de ce stage de trois mois, l’artisane se consacrera entièrement à la restauration d’une superbe épinette française, sous les conseils avisés d’une restauratrice et d’une conservatrice.
La plupart des instruments des XVIIe et XVIIIe siècles ne sont plus jouables. Leur mécanisme est souvent altéré, quand il n’a pas tout simplement disparu. Ils constituent néanmoins de précieux témoins d’une époque où l’instrument servait tout autant à la musique qu’à l’expression d’une certaine situation dans l’échelle sociale. La magnificence du décor peint sur l’instrument en dit en effet long sur la fortune de son commanditaire… À cet égard, les décors concernent principalement des scènes de vie, des natures mortes ou des motifs purement ornementaux.
Au début de son activité d’artisane, Ilona Hevesi a eu l’occasion de restaurer plusieurs panneaux peints sur des instruments de musique issus notamment de la superbe collection d’un particulier. Si elle a pu intervenir récemment sur des couvercles de clavecins, son activité actuelle se porte principalement sur la restauration de tableaux. Selon l’artisane, il est tout à fait aisé de passer des uns aux autres, les techniques étant finalement similaires. Il arrive même de retrouver sur des instruments une toile marouflée, c’est-à-dire appliquée sur le panneau de bois. Et de tomber, comme restauratrice de tableaux, sur des œuvres d’exception, comme cette peinture anonyme du XVIe siècle, qui pourrait bien sortir des pinceaux d’un grand-maître…
Situé au cœur du domicile familial, son atelier lui permet de concilier la restauration de tableaux avec un horaire dans l’enseignement artistique. Et de combiner, en toute harmonie, les deux formations qui lui ont permis de se lancer dans cette carrière aussi riche que passionnante…
Benoît Goffin
